L' Histoire d IKIGAI CAMARGUE

Pendant le premier confinement, j’ai commencé un jeu avec ma fille Nine : se mettre à quatre pattes et examiner notre environnement de près, de très près.

Prendre le temps de regarder vraiment où nous vivions. Fixer notre regard sur ce que nous ne prenions jamais le temps d’observer réellement :  les détails d’un rideau, les aspérités du parquet, le mouvement des lumières sur le sol…

Sur notre terrasse, nous avons poursuivi notre jeu et regardé les plantes.

Non plus dans leur ensemble, à hauteur d' homme mais encore une fois au plus près de ce que nos yeux pouvaient percevoir… Ce qui était, au départ, un amusement, une forme de distraction fut rapidement une révélation…

La beauté des matières, la discrétion des détails,  la courbure  des tiges, la perfection des formes, l’interaction subtile de la terre et des pousses, le minuscule se chargeait de sens…L’émerveillement était là, sous nos yeux.

Plusieurs mois après, sortie de l’isolement et de l’attente, j’ai recommencé ce jeu, seule, libre, dans la nature.

Je me suis assise dans un champ et  me suis approchée au plus près de ces plantes qui ne sont pas forcément les plus belles mais qui ont tant de beauté quand on les regarde de près. Elles n’attirent pas l’oeil au premier regard comme pourrait le faire une rose ou un magnolia mais elles ont autre chose. Quelque chose de plus subtil. Elles m’ont montré l’invisible du visible.

Elles m’ont raconté des histoires que j’ai trouvées extraordinaires.

J’ai vu un couple, une danseuse, un torero, une foule, le mouvement du souffle, le lien, le frémissement de l’air, Sakana ( le poisson ), l’envol, un coquelicot, du fol avoine, des chardons …

En focalisant mon attention sur l’infiniment  petit, le fragile, l’éphémère j'ai découvert un monde qui me racontait plus que tout ce que j’aurais pu imaginer. 

Ces plantes sauvages aux tiges et aux fleurs d’une grande pureté m’ont inspirée par leur graphisme,

leur simplicité, et m’ont emmenée dans un autre monde. 

Pendant plusieurs heures, fascinée, je prenais des photos au 100 macro, hypnotisée de trouver tant de beauté dans ce que d' autres pourraient  considérer comme de mauvaises herbes.

Je n' arrivais plus à m’arrêter de faire des photos, je ne voulais ni fumer ma cigarette électronique, ni boire un peu d' eau, j’étais en transe. 

Je suis restée jusqu’à la nuit. Je craignais de ne pouvoir immortaliser tant de beauté.

Comment avais-je pu passer à côté de ça ?

Subitement je retrouvais en Camargue mes racines japonaises.

L’ épure. Le trait qui se suffit. L’harmonie de la composition. L’équilibre des forces. Le reflet du moment présent. 

La calligraphie de la nature.

La fragilité qui devient force.

L’essentiel. Mon essentiel.

Taking the time to truly see where we lived


Fixing our gaze on what we had never stopped to truly observe:
the folds of a curtain, the grain of the floorboards, the play of light moving across the ground…

Out on our terrace, we continued our game, turning our attention to the plants.

No longer seeing them as a whole, from a human height, but once again drawing as close as our eyes would allow… What had begun as a pastime, a form of distraction, soon became a revelation.

The beauty of textures, the quiet grace of details, the curvature of stems, the perfection of shapes, the subtle interplay between earth and shoots — the smallest things brimmed with meaning. Wonder was there, right before our eyes.

Months later, once I had emerged from isolation and waiting, I began the game again — alone, free, in nature.

I sat in a field and leaned in close to those plants that are not necessarily the most beautiful, yet reveal such beauty when seen up close. They do not draw the eye at first glance as a rose or a magnolia might, but they hold something else — something more subtle. They showed me the invisible within the visible.

They told me stories I found extraordinary.

I saw a couple, a dancer, a matador, a crowd, the movement of breath, connection, the quiver of air, Sakana (the fish), flight, a poppy, wild oats, thistles…

By focusing my attention on the infinitely small, the fragile, the ephemeral, I discovered a world that spoke to me more than anything I could have imagined.

These wild plants, with their stems and flowers of great purity, inspired me through their graphic lines, their simplicity, and transported me to another world.

For hours, fascinated, I photographed them with a 100mm macro lens, hypnotized by so much beauty in what others might dismiss as weeds.

I could not stop taking pictures. I wanted neither to vape, nor drink a sip of water — I was in a trance.

I stayed until nightfall, afraid I might not capture all that beauty.

How had I missed this before?

Suddenly, in the Camargue, I found my Japanese roots again.

The purity of the line. The stroke that is complete in itself. The harmony of composition. The balance of forces. The reflection of the present moment.

Nature’s calligraphy.

Fragility becoming strength.

The essential. My essential.